2011 – 2013
Portraits d’ingénieurs singuliers.
Cette série de portraits est composée de 20 images, réalisées sur une durée de 2 ans.
Le point commun entre ces personnes ? Ils sont tous ingénieurs. Mais cela est-il si révélateur ? Ce « point commun » nous aide-t-il à faire le lien entre eux ? Que perçoit-on d’une personne lorsque l’on met de côté son statut social, son métier ? Comment tenter de se définir en-dehors de ces critères ?
J’ai cherché, à travers ces images, à rendre compte de la réalité sensible de chaque rencontre, de la réalité de l’échange « énergétique » qui s’est opéré entre moi et la personne photographiée.
Ainsi, chaque rencontre a provoqué l’émergence d’une image latente, sensible, émanant de mes sensations et non de ma vision ; de l’énergie dégagée par ces personnes et non des présupposés de leur « image sociale ».
Gilles Deleuze, parlant du peintre, déclare que celui-ci doit montrer les forces qui agissent à l’intérieur de la matière en traduisant en couleur ce qui est éprouvé par les corps. On est alors face à l’élaboration d’un « percept » qui permet de créer « un ensemble de perceptions et de sensations qui survivent à celui qui les éprouve ». C’est ici le moteur de mon travail.
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Fruit d’une collaboration avec la sociologue Christelle Didier, cette création est issue d’une commande, au sens noble du terme. J’ai en effet pu, grâce à cette initiative, croiser un monde (la science) a priori éloigné du mien et en restituer mes perceptions dans le monde qui m’est familier : le champ de l’art.
Cette expérience nous a permis à toutes deux de croiser nos regards, de nous laisser interpeller par une autre façon d’observer et d’évoquer le monde qui nous entoure. Chacune s’est confrontée dans l’exercice de son travail à l’épineuse question de l’objectivité : cette rencontre permet alors d’ouvrir une autre voie possible dans nos façons respectives de travailler et, donc, notre créativité.
© Marine Place, 2014
« Le projet de recherche dont cette exposition constitue un des fruits – le plus visible sans doute – a pour ambition de répondre à certaines questions restées en suspens dans mes travaux passés.
Dans cette nouvelle recherche, je me suis intéressée à l’éthique en actes plutôt qu’en paroles ou opinions, j’ai analysé des destins et des trajectoires d’individus plutôt que la culture et les valeurs de leur groupe. »
Christelle Didier, sociologue
© Marine Place, 2014
Lien exposition : Par quel biais les voir
Article « Sciences et Avenir »