La Muta Eloquenza

Créations | Vanité

2016

Issu de pistes de recherche éparses et embryonaires, ce travail développe une réflexion autour du signe-geste comme forme d’expression archétypale tirée du néant, émergence d’un « corps » signifiant perméable aux forces chaosmiques.

En totale opposition avec l’information / la communication, le signe-geste est ici réfléchi comme expérience d’un événement, travail chaosmique des forces auto-généré par la matière, expérimentation du corps intensif.


Argentique moyen-format, Ilford FP4+


Pistes de recherche :

La main :
– raccordement des morceaux épars de l’espace, connection, extériorisation, plier-déplier
– art pariétal (premières expériences de l’extériorisation du soi par le geste)

Le turritopsis-nutricula :
– bloc mouvement, régénérescence cyclique infinie (immortalité), boucle, devenir perpétuel et intensif, force primitive
– metazoaire précambrien (500 millions d’années)
– « Point de solides, non plus, dans leur corps de crital élastique, point d’os, point d’articulations, de liaisons invariables, de segments que l’on puisse compter… » [Paul Valéry, « Degas Danse Dessin », Paris, Folio/Essai (p.34)]

Comment les méduses optimisent leurs mouvements de propulsion

Le Corps sans Organes
« Un CsO est fait de telle manière qu’il ne peut être occupé, peuplé que par des intensités. Seules les intensités passent et circulent. Encore le CsO n’est-il pas une scène, un lieu, ni même un support où se passerait quelque chose […]. Le CoS fait passer des intensités, il les produit et les distribue dans un spatium lui-même intensif, inétendu. »
Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille plateaux, Paris, Éditions de Minuit, 1980, (p.189)

Le Corps non-pensant
« Penser, c’est apprendre ce que peut un corps non-pensant, sa capacité, ses attitudes ou ses postures. »
Gilles Deleuze, L’image-temps, Paris, Éditions de Minuit, 1985, (p.246)

L’éthologie
« (…) L’Ethique de Spinoza n’a rien à voir avec une morale, il la conçoit comme une éthologie, c’est-à-dire comme une composition des vitesses et des lenteurs, des pouvoirs d’affecter et d’être affecté sur ce plan d’immanence (…) L’éthologie, c’est d’abord l’étude des rapports de vitesse et de lenteur, des pouvoirs d’affecter et d’être affecté qui caractérisent chaque chose. Pour chaque chose, ces rapports et ces pouvoirs ont une amplitude, des seuils (minimum et maximum), des variations ou transformations propres. Et ils sélectionnent dans le monde ou la Nature ce qui correspond à la chose, c’est-à-dire ce qui affecte ou est affecté par la chose, ce qui meut ou est mû par la chose. (…) »
Gilles Deleuze, Spinoza. Philosophie pratique, Paris, Éditions de Minuit, 1981, (p. 168)

La répétition
« Dans le théâtre de la répétition, on éprouve des forces pures, des tracés dynamiques dans l’espace qui agissent sur l’esprit sans intermédiaire, et qui l’unissent directement à la nature et à l’histoire, un langage qui parle avant les mots, des gestes qui s’élaborent avant les corps organisés. » (p.19)

« Le seul même c’est le retour de ce qui diffère. » (p.59)

« Ce qui compte est la divergence des séries, le décentrement des cercles, le monstre. » (p.94)

Gilles Deleuze, Différence et répétition, Paris, PUF, 1968


Lien exposition : L’échappée