L'image comme signe.
Interpréter, à nouveau.
Augustine et les figures de l’hystérique sont source d'inspirations
multiples. Charcot, dans son étude de l'hystérie, a choisi de
sur-interpréter la photographie dans sa qualité d’indice et de
symptôme et prétendait décrire Augustine toute entière,
l’exposer totalement. L'accumulation compulsive d'images devait nous
révéler Augustine dans toute son étrangeté, toute sa familiarité
avec les postures extatiques de l'histoire de l'art.
Dans ce travail je cherche à rendre sa transparence à l’image, à
lui oter son opacité signifiante.
C'est le tracé - le dessin - qui fera advenir l'image ainsi
dévitalisée. Le corps d’Augustine, tant de fois photographié et
contraint à devenir image, se réduit à son statut de simple signe,
contour sans épaisseur ni densité. Et plus les calques
s’accumulent, plus Augustine disparait ; on a beau entasser les
traces, on ne sait toujours rien. L’accumulation rend aveugle ; on
n’y voit rien.
Cette série est une façon de rendre sa liberté à Augustine ; une
manière de rendre son intimité à cette fille que Charcot exhibait
selon son bon plaisir. Le geste du dessin sera lui aussi l'occasion
d'une réincarnation, par la main, de ce corps maltraité par les
machines. Pour qu'enfin, Augustine nous échappe.
Sources
J.-M. Charcot et Paul Richer, "Les démoniaques dans l’art", Paris,
Adrien Delahaye et Émile Lecrosnier Éditeurs, 1887.
Georges Didi-Huberman, "Invention de l’hystérie. Charcot et
l’iconographie photographique de la Salpêtrière", Paris,
Macula,1982.
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Liens exposition :
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